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Emilie Gourd

(1879 – 1946)

Pionnière du mouvement féministe

emiliegourdFemme de combat aux idées généreuses, issue de la bourgeoisie protestante éclairée et libérale du XIXe siècle, Emilie Gourd a marqué le féminisme genevois et suisse. Titulaire en 1898 d’un certificat de capacité en section littéraire de l’Ecole secondaire et supérieure des jeunes filles, Emilie Gourd fréquenta la Faculté des lettres comme auditrice et enseigna brièvement l’histoire contemporaine à l’école privée de la Cour Saint-Pierre.

En 1903, elle fut nommée secrétaire du comité de l’Alliance nationale des sociétés féminines suisses. Elle fut ensuite présidente pendant 35 ans de l’Association genevoise pour le suffrage féminin et pendant 14 ans de l’Association suisse du même nom. En 1912, elle fonda et assuma la rédaction du mensuel “Le mouvement féministe” (aujourd’hui “L’émilie”, le plus ancien journal féministe européen encore en vie). En 1914, elle fonda et présida l’Ouvroir de l’Union des femmes, créé pour procurer du travail aux femmes restées sans ressources à cause de la guerre, puis elle mit sur pied le Cartel d’hygiène sociale et morale. En 1923, elle devint secrétaire générale de l’Alliance internationale pour le suffrage des femmes. Elle fut en outre membre correspondant de la commission spéciale pour les études sur le travail féminin du Bureau International du Travail.

Journaliste engagée, conférencière de talent et polémiste redoutable, Emilie Gourd mit sa plume et sa parole au service de la cause des femmes et revendiqua pour elles l’égalité politique, sociale et économique. Son combat contre la montée des idées fascistes et le nazisme dès 1936, à l’heure des premières dérives, a fait l’honneur de la Suisse durant une période de son histoire dont on a découvert depuis lors les aspects sombres.

Emilie Gourd mourut sans avoir pu cueillir le fruit de ses efforts. L’année même de son décès, un scrutin cantonal refusa pour la troisième fois consécutive le droit de vote aux femmes genevoises. Il fallut attendre 1960 (et 1971 au niveau fédéral) pour que le rêve d’Emilie Gourd se réalise enfin.

http://www.memo-online.com/article.asp?ID=PER_CON_119

Pionnières et Créatrices en Suisse romande, Service pour la promotion de l’égalité entre homme et femme, département des Finances, Etat de Genève. Slatkine

CHAPONNIERE Martine, Emilie Gourd. Une femme de combat, in Le guide des femmes disparues, Metropolis, Genève, 1993.

Féministe de renom

emilieEmilie Gourd est née le 19 décembre 1879 à Genève. Née d’un père pasteur et d’une mère très active dans les œuvres de bienfaisance, Emilie Gourd est issue de la haute bourgeoisie protestante genevoise. Emilie et sa sœur Edith sont élevées à Pregny dans la maison familiale. En 1898, Emilie Gourd obtient son certificat de capacité de l’Ecole secondaire et supérieure de jeunes filles. Bien que ce diplôme ne donne pas accès à l’Université, Emilie suit des cours d’histoire et de philosophie comme simple auditrice. Elle enseigne ensuite brièvement l’histoire contemporaine à l’Ecole privée de la Cour Saint-Pierre et semble alors se destiner à l’enseignement.

En 1903, Emilie Gourd adhère à une première association féministe, ” l’Union des Femmes ” puis est nommée secrétaire du comité de ” l’Alliance nationale des sociétés féminines suisses “.

L’année 1909 marque un nouveau tournant dans le militantisme féministe d’Emilie. Elle s’engage en effet au sein de ” l’Association genevoise pour le suffrage féminin “. Elle succède à la présidence de l’Association, fondée par Auguste de Morsier, à l’écrivaine Aline Hofmann-Rossier. Emilie Gourd occupera cette fonction jusqu’à sa mort, soit pendant 35 ans.

En 1912, Emilie Gourd, encouragée par quelques personnalités féministes, fonde le mensuel Le Mouvement féministe dont elle assurera la rédaction en chef jusqu’à sa mort. Le Mouvement féministe prendra successivement le nom de Femmes suisses puis de Femmes en Suisse. Depuis le 14 juin 2001, le journal, qui est vraisemblablement le plus ancien journal féministe d’Europe encore existant, porte le nom de l’émiliE, en hommage à Emilie Gourd. Le Mouvement féministe est l’émanation du comité d’initiative intercantonal (Genève, Vaud et Neuchâtel) né sous son impulsion.

Emilie Gourd multiplie dès cette période ses activités militantes. Elle donne de très nombreuses conférences et rédige d’innombrables articles pour défendre la cause des femmes. En 1914, ” L’Association suisse pour le suffrage féminin ” l’appelle à la présidence, fonction qu’elle occupera pendant 14 ans. Sous sa direction, le nombre de sections augmentera de 15 à 30 et le nombre d’adhérents passera de 2000 à 3000.

Cette même année, Emilie Gourd fonde ” L’Ouvroir de l’union des femmes de Genève ” créée dans le but de fournir du travail aux femmes restées sans le sous à cause de la guerre. 1920 est l’année de fondation, toujours par elle, de la section genevoise du ” Cartel romand d’hygiène sociale et morale “, association de moralité publique de lutte contre l’alcoolisme et la prostitution. En 1925, Emilie Gourd organise et assure la présidence de la première ” Exposition cantonale genevoise sur le travail féminin “, qui sera suivie de la grande ” Exposition suisse des femmes ” en 1928.

En 1943, la féministe genevoise fonde ” l’Association de la démocratie suisse “, dans le souci de contrer les idées fascisantes de l’époque.

Egalement engagée sur le plan international, Emilie Gourd est nommée secrétaire de ” l’Alliance internationale pour le suffrage des femmes ” en 1923, ce qui l’amènera à beaucoup voyager, toujours à ses frais. Elle occupera également la fonction de membre correspondant de la commission spéciale pour les études sur le travail féminin du Bureau International du Travail.

Le combat de sa vie, celui de la cause féminine, l’emmena à rédiger des centaines d’articles pour Le Mouvement féministe et à tenir de très nombreuses conférences en Suisse et à l’étranger. Ses talents oratoires étaient reconnus. Aussi, avait-on coutume de dire qu’une ” section (ndlr. de ” l’Association suisse pour le suffrage féminin “) naît lorsqu’Emilie parle “.

Emilie Gourd n’a jamais été rétribuée pour son travail ni pour les fonctions qu’elle a occupées, notamment celle de rédactrice en chef du Mouvement féministe. C’est en effet sa fortune personnelle qu’elle consacrait à ses activités militantes.

Sensible aux idées de la Révolution française, Emilie Gourd en rejetait toutefois les débordements violents. Le combat féministe devait être conduit dans le cadre de la plus stricte légalité par la multiplication de réunions, conférences publiques et la rédaction d’articles.

Atteinte dans sa santé par une maladie cardiaque, Emilie Gourd dut, en 1945, réduire ses nombreuses activités. Elle décéda le 4 décembre 1946, à l’âge de 66 ans.

En cette même année 1946, les Genevois refusèrent pour la troisième fois consécutive d’accorder le droit de vote et d’éligibilité aux citoyennes genevoises, droit de vote et d’éligibilité qui leur sera finalement accordé en 1960.

http://www.geneve.ch/fao/2002/20020826.asp

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