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Vaud

L’histoire d’un escargot qui s’approche du but

100ansdefeminismevaudoislhistoiredunescargotEn 1928, c’est munies d’un escargot géant que les membres de l’association vaudoise pour le suffrage féminin défilaient à Berne. Une perle parmi d’autres, à découvrir dans le livre de Simone Chapuis-Bischof et Christiane Mathys-Reymond publié par l’Association pour les droits de la femme (ADF), 1907-2007, 100 pages d’histoire, à l’occasion des 100 ans de l’Association vaudoise pour le suffrage féminin.

Il suffit de tomber sur l’une des anecdotes tragi-comiques jalonnant le livre des 100 ans de l’association vaudoise pour le suffrage féminin (devenue l’Association vaudoise pour les droits de la femme) pour avoir envie de découvrir les autres. Malgré les indéniables mais désespérément lentes avancées de la condition féminine des Vaudoises ces 100 dernières années, force est de constater que son histoire est parsemée d’embûches.

Pour s’en faire une idée, il suffit de se rappeler que lors du 50e anniversaire de l’association, les Vaudoises n’avaient toujours pas obtenu ce pourquoi elles s’étaient mobilisées un demi siècle auparavant. Et elles ont eu maintes fois l’occasion de mesurer la résistance au suffrage féminin.

En 1921, une motion demandant le droit de vote des femmes, déposée quatre ans auparavant, est rejetée par 206 voix contre 56 au Grand Conseil. Huit ans plus tard, la pétition demandant de reconnaître «aux femmes les droits politiques aux mêmes conditions qu’aux hommes» obtient 250’000 signatures dans toute la Suisse. Mais elle «dormira dans un tiroir du Palais Fédéral pendant plus de deux décennies».

En 1951, les Vaudois refusent par 35’900 non contre 23’000 oui l’introduction – pourtant facultative – du suffrage féminin dans les communes. En 1959, les Suisses refusent le suffrage féminin en votation fédérale. Seul Vaud, l’accepte, et il est le premier canton suisse à le faire. Au niveau national, il faudra attendre 1971, bien après les principales démocraties d’Europe.

Quelques-unes des embûches:

– Le lent progrès des droits des Vaudoises commence par leur autorisation de voter au sein de l’Eglise, en 1908. Mais pas d’être élues. En 1925, elles obtiennent le droit d’être élues aux Conseils de prud’hommes. Mais pas de voter.

– Comme si convaincre les hommes n’était pas assez ardu, les femmes font également face au conservatisme d’autre femmes: Suzanne Besson crée la «Ligue vaudoise féministe-antisuffragiste» (!) en 1920.

– En 1930, un projet de loi scolaire prévoit d’interdire aux institutrices mariées de travailler. Ce ne sera pas le cas, mais leur salaire sera inférieur à celui d’une célibataire.

– 1938: Alors que les femmes peuvent siéger dans les commissions scolaires, elles ne sont pas bien vues comme expertes aux examens. A une licenciée ès lettres, on préfère «un homme ayant juste achevé son instruction primaire.»

– 1939: Le conseiller d’Etat Ferdinand Porchet adresse une circulaire aux entreprises industrielles du canton leur demandant de remplacer le personnel féminin par des hommes, en raison du chômage. Trois ans plus tard, on les priera de remplacer au travail leurs maris mobilisés.

– Les quatre missions de la femme selon Ferdinand Porchet: La «création de la famille», la «formation du caractère des enfants», la constitution de réserves alimentaires, la préparation du travail civique en vue de remplacer les hommes sous les armes.

– L’association demande au Conseil d’Etat de répertorier les lois vaudoises discriminatoires envers les femmes. Refus, en raison de l’envergure de la tâche. Ce sont finalement les membres de l’association qui se chargeront elles-mêmes de cette tâche. L’Association pour les droits de la femme (ADF) publie l’ouvrage de Simone Chapuis-Bischof et Christiane Mathys-Reymond, 1907-2007, 100 pages d’histoire, à l’occasion des 100 ans de l’Association vaudoise pour le suffrage féminin, (ancêtre de l’ADF).

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